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LE LIVRE D’UN PÈRE.


J’ai beaucoup souffert ici-bas
Et lutté plus qu’on ne le pense ;
Vous aurez aussi vos combats ;
Soyez sûrs de la récompense.

Je vais aux sources des vertus,
Et, durant votre apprentissage,
Quand vos cœurs seront abattus,
Je vous enverrai le courage.

Pour vous, sur le chemin du beau,
J’allumerai ces vives flammes
Qu’on voit par delà le tombeau,

Au doux pays, au doux pays des âmes.


Tous les jours vous regarderez,
Durant votre épreuve éphémère,
Ces portraits, nos témoins sacrés,
L’aïeul et la sainte grand’mère.

Et, tous enlacés, par moment,
Souriant à ma propre image,
Vous vous aimerez tendrement,
Si vous voulez me rendre hommage.

Ne pleurez pas ; embrassons-nous !
Chez le Dieu que tant nous priâmes,
Qu’il sera bon le rendez-vous

Au doux pays, au doux pays des âmes !


Décembre 1875.