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PERNETTE
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CHANT PREMIER

LES FIANÇAILLES



 « Si l’on peut des moissons augurer les vendanges,
L’année aura rempli nos celliers et nos granges,
Et — narguant le dicton — quoique riche en beaux foins,
En beaux blés, en beaux fruits, ne le sera pas moins.
Voyez mes quatre chars ployant sous leur faix d’herbes !…
Et les seigles voisins sont déjà mis en gerbes.
Et sur la tige épaisse et haute du froment
L’épi laiteux et vert s’incline pesamment.
Dans la vigne, à nos pieds, se montrent, par centaines,
Les promesses des ceps, hélas ! trop incertaines ;
De noyaux duveteux les pêchers sont couverts ;
Mes jeunes cerisiers sont plus rouges que verts.