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LE LIVRE D’UN PÈRE.

Et mets ma tasse de tilleul
Près de moi sur la cheminée.

Reste assis là, sur mes genoux ;
Laisse chômer ton écritoire.
Causons tous deux, embrassons-nous ;
Chacun contera son histoire.

Dis-moi nos courses d’autrefois,
Tes frais souvenirs de campagne ;
A t’entendre parler des bois
Je me croirai sur la montagne.

Je reverrai l’azur du ciel,
L’émail des prés dont Dieu me sèvre,
Ces fleurs où je prenais mon miel
Renaîtront pour moi sur ta lèvre.

Cher compagnon, venu trop tard !
Mes pieds ne peuvent plus te suivre.
Tu n’as vu de moi qu’un vieillard ;
Tu me connaîtras par mon livre.

Je grave aujourd’hui dans tes yeux
Une image austère et sans charmes,
Et je mêle à tes premiers jeux
L’ennui de mes dernières larmes.

Tu reverras, sur tes vieux jours,
Dans les scènes de ton enfance,
Ce père qui souffrait toujours,
Mais que soulageait ta présence.