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Nous avons recueilli, précieuses reliques,
Les fleurs de ton printemps,
Larmes et cris joyeux, rêves mélancoliques
De ton cœur de vingt ans.

De ces élans vers Dieu, vers l'amante éternelle,
Nous n’avons rien perdu ;
Nos sommets ont gardé tous ces trésors pour elle,
Tout lui sera rendu.

Ici, pas de sentier, de ravin et de cime,
Pas de source et de fleur,
Qui n’ait reçu de toi sa confidence intime
De joie ou de douleur.

Rêvant déjà du ciel, tout enfant, sous ces hêtres
Tu venais te cacher ;
Tu bâtis cet autel ; les os de tes ancêtres
Dorment sous ce clocher.

L’amitié te faisait ses adieux pleins de charmes
Au bout de ce chemin.
Ce bois t’a vu sourire, et cet autre a de larmes
Mouillé ta forte main.

Plus celle qui t’est chère aimera nos retraites
Et vivra parmi nous,
Plus elle comprendra les merveilles secrètes
De ton cœur grave et doux.

Car ton âme puissante est faite à notre image ;
L’ange de ce beau lieu