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Et chaque arbre pour elle aura des mélodies
Pures comme sou cœur.

Quand elle ira, le soir, à travers la bruyère,
Formant quelque doux vœu,
Nos zéphyrs prêteront leur aile à sa prière
Pour s’envoler vers Dieu.

Elle a, nous le savons, puisque tu l'as choisie,
Un cœur pareil au tien ;
Aimant de la nature et de la poésie
Le sublime entretien.

Nous la ferons parler à la Muse attentive
Qui se cache aux déserts ;
Réveillant sous ses pas l’écho, qui nous arrive
Des célestes concerts.

Dans les genêts en fleurs, seule et toute au silence,
Au coin des bois rêvant,
Elle entendra les airs qu’a chéris son enfance
Dans le souffle du vent

Nous saurons deviner sa plus douce chimère
Et ses penchants secrets ;
Si bien qu’elle oubliera le pays de sa mère
Dans tes chères forêts.

Puis tout, dans ces beaux lieux où ta chaste jeunesse
Verdit sous notre loi,
Les sources, les rochers, les vieux chênes, sans cesse,
Lui parleront de toi.