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Le prêtre vous a dit ces mots si pleins d’espoir,
Ces mots sacrés qui font de l’amour un devoir ;
Tandis que sur vos fronts, suivant l’usage antique,
L’amitié, par mes mains, tenait le lin mystique.

Oh ! comme avec ferveur, dans l’auguste moment,
Mon cœur dardait sur vous tout son rayonnement !
Comme j’offrais au ciel, dans ma vive prière,
Pour la verser en vous, ma force tout entière ;
Afin que, sans plier sous les dons du Seigneur,
Votre âme pût suffire à porter son bonheur !

Sur vous ainsi, de l’homme ou d’en haut descendues,
Les bénédictions à flots sont répandues.
Eh bien, pour consacrer et fêter votre choix
Il vous manquait, ô Maître, une sublime voix !
Pour parler à vos cœurs des amours infinies,
Dieu se réserve encor de chères harmonies ;
Car du mont paternel en sa tranquillité
Les forêts sur vos fronts n’ont pas encor chanté.

La Nature vous doit son hymne nuptiale :
Or si jamais, s’ouvrant aux accords qu’elle exhale,
Mon âme a bien compris les chênes et le vent,
Voici ce qu’ils ont dit, Maître, en vous recevant :

Viens, montre aux bois joyeux l’ange que Dieu te donne,
Et qu’attendaient ces monts.
Nous aimerons cette âme où ton amour rayonne,
Autant que nous t’aimons,

Notre été versera des ombres attiédies
Sur ta nouvelle sœur ;