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De vivants souvenirs partout m’y font escorte ;
La Muse à ses concerts les invite à jamais:
Je la vois, le matin, sortir de chaque porte
Dont j’ai franchi le seuil avec ceux que j’aimais.

Je la découvre, au son des cloches matinales,
A la lueur de l’aube et des cierges fumants ;
Partout sur vos coteaux comme dans vos annales,
Ses traits m’ont apparu, sévères ou charmants.

Là soupiraient les vers et le cœur de Louise;
Ici venait prier et repose Gerson.
Le vieux temple d’Auguste a doté cette église
Des piliers où Bayard pendit son écusson.

C’est là qu’eut son autel et son ardente arène,
Là qu’a fleuri chez vous, pour y grandir encor,
Cette éloquence, accent d’une vertu sereine,
Qui vient de nous parler avec ses lèvres d’or.

Sous ce ciel vaporeux habité par la fée
Qui dans la paix du rêve endort la passion,
L’harmonieux Ballanche avec l’hymne d’Orphée,
Du prophétique Hébal chantait la vision.

Là-haut, Rome a laissé des noms et des ruines:
Le Christ inexpugnable y garde ses remparts.
La poésie, à flots, de ces saintes collines,
Comme la charité, descend de toutes parts ;

Elle y remonté avec l’encens de la prière ;
Elle entoure, à jamais, de rayons et de fleurs,