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rée ;
Faut-il voiler la lyre et les autels en deuil ;
Ces ouvriers d’airain, qu’un feu pur a fait naître ;
Ne vont-ils préparer des loisirs à leur maître
Que pour remplir ses jours de luxure et d’orgueil ?

Des éléments vaincus as-tu fait tes complices,
Pour mettre leur armée aux ordres de tes vices ?
Sous le joug de la chair, à ton tour, tu descends.
Dieu ne t’a-t-il donné la ferme de sa vigne
Que pour t’y voir cueillir, ô serviteur indigne,
La vendange impure des sens ?


XIV

La richesse, à flots entassée,
S’accroît dans tes mains chaque jour ;
Mais sera-t-elle dispensée
Par l’égoïsme ou par l’amour ?
Verrons-nous, les croyant bannies,
L’injustice et les tyrannies
Dans nos foyers rentrer plus tard ;
Des fruits de la terre promise
Que tant de douleurs ont conquise
Le pauvre obtiendra-t-il sa part ?

Verrons-nous une ère avilie,
Un siècle avare et sans essor
Où toute grandeur s’humilie