Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Voix du silence, 1880.djvu/192

Cette page n’a pas encore été corrigée

u ;
Ton cœur, que nul effort n’épuise,
Rêve un autre monde et méprise
Tous ceux dont il est revenu.

Le volcan rentre en sa caverne ;
L’hydre expire en son lit fangeux ;
Ton bras emprisonne et gouverne
Le cours des fleuves orageux.
Depuis les monstres d’Érymanthe,
Le lion, la louve écumante,
En vain la nature fermente,
Tu n’as point d’ennemis nouveaux ;
Et cependant, pour ton Hercule,
Un désir infini recule
La borne des douze travaux.

Les vallons, la plaine assainie,
Roulent des flots d’épis pour toi.
Des caps lointains le vieux génie
Te voit passer avec effroi.
Les bois, ces voiles de la terre,
Les antres n’ont plus de mystère.
Ta maison couvre le cratère ;
Et la colline au flanc divin,
Au lieu de cendre et de fumée,
Des prés, de la vigne embaumée
Fait couler le lait et le vin.

Avec des monts que tu déplaces
Sur d’autres sommets, tous les jours,
Tes mains qui ne sont jamais lasses,
Dressent les villes et les tours ;