Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Voix du silence, 1880.djvu/191

Cette page n’a pas encore été corrigée

deau
Des blocs cyclopéens redressés en murailles ;
Où la bêche a des champs entamé les entrailles !

Déjà les animaux servent l’homme, contraints
De prêter à nos bras la vigueur de leurs reins.
Bientôt tous tes pouvoirs, soumis l’un après l’autre,
Nature, contre toi, viendront en aide au nôtre.
Chaque jour, au travail, l'homme courbe à son gré
Un être qu’en naissant il avait adoré.

C’étaient ses jeux d’enfants ! les nations adultes,
O nature, ont conquis tes puissances occultes,
Et, jusque dans tes flancs déchirés et meurtris,
Des fluides secrets le travail est surpris.
L’homme sait évoquer et copier la vie ;
Il enferme en des corps la force ainsi ravie,
Et désormais sans crainte, avec le feu fatal,
La main de Prométhée anime le métal.


IV

De quelle ambition plus haute
Peux-tu donc t’enivrer encor,
Homme, infatigable Argonaute
De l’éternelle toison d’or ?
Tes pères, sur leurs nefs rapides,
Ont déjà dans les Hespérides,
Dans les mystiques Atlantides,
Cueilli le fruit de l’inconn