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Au comte Alfred de Vigny.


 
I

Quand la lumière eut percé l’ombre
Des éléments tumultueux,
Quand l’homme apparut dans le nombre
De tes habitants monstrueux,
O Terre, ô puissante nature,
Dans cette infime créature
Qui te contemple avec effroi,
Dans ce dernier né de la fange,
Sous la brute as-tu senti l'ange,
O Terre, as-tu connu ton roi ?

Perdu dans son terrible empire,
Vois-le, seul en sa nudité ;
Tout le menace, et tout conspire
Contre sa frêle royauté ;
Sous ses pas le sol tremble et fume,
Un mont croule, un volcan s’allume,