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l.
Quelle affreuse lumière a glacé son réveil,
Quand le fatal secret, qu’il ne veut pas entendre,
Dans la paix de son doute est venu le surprendre ?
Lui qui rêvait encor de la fléchir un jour !
Pure, mais à jamais brûlant d’un autre amour !
Plus d’espoir ! c’est bien là sa fierté surhumaine
Fidèle à sa pudeur, mais fidèle à sa haine !

Quel penser de pardon, de vengeance ou d’oubli,
Demeure au cœur d’Herman sourdement établi ?
Nul n’entendra le son de cette âme incomplète
Qui tient comme l’amour la colère muette.
A peine une pâleur sur son front, dans ses yeux,
Trahit des passions le choc silencieux ;
Et, quand la foudre au fond peut-être le ravage,
Jamais l’éclair n’a lui pour révéler l’orage.


XI

Le sang de tes enfants encore infructueux
Va tremper de nouveau la terre des aïeux ;
Ceins ton front de lauriers pour cette auguste fête,
Et rends gloire, Italie, à leur noble défaite !
Sur ton vieux Capitole avant de remonter,
Par plus d’un jour pareil il faut le mériter,
Et ne pas te lasser, patiente nourrice,
D’enfanter des martyrs aux honneurs du supplice.
Oui, vous mourrez vaincus, dans l’exil, dans les fers ;
Le gibet vous attend, frères, soyez-en fiers !
Votre sang généreux que l’étranger prodig