Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Symphonies, 1878.djvu/96

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Car il est deux trésors qu’on ne peut appauvrir,
Qu’on creuse à fantaisie ;
Il est deux ruisseaux purs d’où coule, sans tarir,
Toute la poésie :
La nature et le cœur. — Deux célestes forêts !
La musique y fourmille ;
J’y chercherais la mienne, et je l’y trouverais,
Si j’étais jeune fille.

Mais je donnerais tout, renom déjà fondé,
Peuple ému de m’entendre,
Pour un seul mot de l’être à qui j’aurais gardé
Ma chanson la plus tendre ;
Je jetterais mon luth pour tenir, tout le jour,
Sa main sous ma mantille…
Le génie est bien beau ! — J’aimerais mieux l’amour.
Si j’étais jeune fille.


III

L’ALPE VIERGE


à la jungfrau


I


Un esprit gardien de toute pureté
Habite les glaciers et la neige éternelle.
L’air qu’on respire autour de ce faîte argenté
Rajeunit l’âme et jette une lumière en elle.