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Cependant, au plus fort du blasphème et du doute,
Dans ma plus sombre nuit,
Une infaillible voix me parle et je l’écoute,
Une clarté me luit.

C’est toi, saint idéal, c’est toi qui m’illumines !
J’ai gardé ton flambeau ;
C’est toi qui fais briller, du sein de mes ruines,
L’astre éclatant du beau.

Par toi m’est révélé notre but invisible.
À ton amour divin,
Mon cœur, libre des sens et désormais paisible,
N’aspire pas en vain.

J’oublie à t’entrevoir mes souvenirs funèbres.
Mes doutes pleins d’effroi ;
Et, comme l’aigle, heureux en sortant des ténèbres,
Je m’élance vers toi.

Beauté, splendeur du vrai ! ton infaillible oracle,
Qui me parle en tout lieu,
Habite ma raison, passager tabernacle,
Mais il s’appelle Dieu.

Rayon de l’idéal, un cœur à qui tu restes
A gardé son trésor ;
Tôt ou tard, s’arrachant à ses ombres funestes,
Il reprendra l’essor.

En vain je sens gronder, dans cette chair flétrie,
Le mal accusateur.