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À s’orner d’un bouquet reçu d’une autre main.
Dans cette coupe, alors, près de quelque autre belle
Va boire un vin plus vieux à ton amour nouvelle.
J’aime aussi ta chanson ! j’entendais autrefois
Les flutes des bergers la dire autour des bois ;
C’est d’un tel souvenir que coule cette larme.
Mais, d’un dieu je subis sans doute ici le charme,
Pour un autre est le prix, puisque autres sont les temps.
Je te l’aurais donné si j’avais eu vingt ans !



IV

ENTRE DEUX ORAGES


à mon ami cauvet


La trombe éclate, il grêle sur mon champ ;
Adieu mes blés, mes roses que je pleure !
La foudre encor va tomber tout à l’heure ;
Un tourbillon s’amoncelle au couchant.

Dans tout le ciel se heurtent les nuages ;
Celui-là passe, un plus sombre le suit…
Voilà pourtant qu’un peu d’azur nous luit,
Un rayon d’or glisse entre deux orages.

Charmant rayon, tu pourrais décevoir
Un cœur plus neuf et plus ardent à vivre.