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Tous semblent me pousser sur une même route,
D’où le vulgaire impur s’est lui-même banni,
Sur ces échelons d’or, renversés par le doute.
Qui vont du globe à Dieu, du cœur à l’infini.


ADMÈTE.

Par des liens plus doux la campagne m’attache,
J’aime en toi ce qu’on voit et non ce qui se cache,
Ô Nature ! et ces dons prêts pour chaque désir,
Que dispense ta main et que je puis saisir.
J’aime ce que la fleur parfumée et vermeille
Dit aux yeux, et le chant des oiseaux à l’oreille.
J’aime, pour tous les fruits dont tu les as chargés.
Ces coteaux généreux et gaîment vendangés ;
Ce bois, parce qu’il prête une ombre harmonieuse
Au sommeil, à l’amour, à la danse joyeuse ;
Ces eaux pour rafraîchir ma coupe, et pour y voir
Rire avec moi Myrto, qui les prend pour miroir.


ERWYNN.

La terre a d’autres fruits que les fruits que tu cueilles.
Plus doux que les raisins dont tu bois la liqueur,
Un breuvage, émané des rayons et des feuilles,
Sans passer par ma lèvre enivre aussi mon cœur.

L’oiseau n’a pas de chants, dans sa voix printanière,
Divins comme les bruits du silence écouté.
Les clartés que je vois en fermant la paupière
De l’aube orientale effacent la clarté.