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Devant tes doux tableaux toute image importune,
Tout fantôme d’amour s’efface et disparaît.


ADMÈTE.

Aux pieds des frais buissons l’oubli des soins moroses
Se respire au soleil avec l’odeur des roses ;
Et la gaîté captive, ainsi qu’un Jeune oiseau.
Chante et nargue en fuyant la cage de roseau.
Dans ces flots de parfum que l’air des prés balance,
Mon âme tout entière hors de mon sein s’élance.
Et ne songeant à rien qu’à jouir des beaux jours,
Comme une abeille aux fleurs, vole toute aux amours.


ERWYNN.

Oui, plus libre en ces bois, mon âme y rompt les chaînes
Dont l’homme et les destins avaient su me lier.
Oui, l’oubli se respire avec l’ombre des chênes,
Sur les grèves des lacs… j’y viens pour oublier.
Tandis qu’au bruit des flots et des forêts que j’aime,
La voix des passions s’adoucit et se perd.
Mon âme en ces beaux lieux se retrouve elle-même,
Et grandit dans sa force en touchant au désert.


ADMÈTE.

Ah ! le désert est doux pour être deux ensemble ;
J’y chéris, ô Myrto, tout ce qui te ressemble ;
C’est toi qui m’embellis la taille du palmier,
Et l’œil de la gazelle et le cou du ramier.
La nature me plaît, la nature est charmante !