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ADMÈTE.

Salut, printemps, salut ! c’est toi qui fais aimer.
Salut aux champs, aux bois que tu viens ranimer ;
Où, sous chaque rameau, la volupté palpite.
Je cherche les forêts, car l’amour les habite.
L’odeur des prés m’attire et les vives couleurs ;
Car j’y trouve une enfant plus douce que les fleurs.


ERWYNN.

Ô nature, salut ! c’est toi seul, ô ma mère !
C’est toi que je visite en ton palais charmant ;
Je n’y viens pas, épris d’une idole éphémère,
Chercher d’un autre amour l’asile et l’ornement.


ADMÈTE.

Dans un sentier discret de ce taillis d’yeuse,
Rose comme une nymphe et comme elle joyeuse,
Moi, j’aperçus Myrto pour la première fois ;
J’aime depuis ce temps la campagne et les bois.


ERWYNN.

Ton vrai charme, ô Nature ! est dans ta solitude ;
Quand j’erre au sein des bois sans guide et sans chemins,
Je m’y sens préservé de toute lassitude ;
J’aime avant tout chez toi l’absence des humains.
J’y dépose la vie et la charge commune ;
Tout vain désir s’y calme et cède à ton attrait ;