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Sans doute, un jour, l’étourdi,
Engourdi
Par le jus divin qu’il aime,
Sans voir nos lacets subtils,
Dans leurs fils
Ira se jeter lui-même.

Aux chasseurs qui l’ont guetté,
Sa gaîté
Le trahit sous le feuillage ;
La mort vient dans son plaisir
Le saisir…
C’est le sort rêvé du sage.


adah.

Voici l’urne où j’ai bu la divine liqueur,
Plus rien, plus rien n’y reste…
Et je garde aujourd’hui des voluptés du cœur
Un souvenir funeste.

Ô vous qui dans nos prés où je dansais pieds nus,
Et d’où je suis proscrite,
Interrogez encor, sous vos doigts ingénus,
La blanche marguerite ;

Vous qui rêvez encor d’innocence et d’amour,
Enfant rieuse et blonde,
Le vent qui m’a porté doit vous porter un jour
Dans ce désert du monde.

Et quand disparaîtra le mirage trompeur,
À moitié dans la route,