Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Symphonies, 1878.djvu/41

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Plus mon âme a de lourds chagrins,
Plus ma voix a de gais refrains,
Mon œil de railleuses tendresses !
Voyez, sur les gazons flétris,
Le soir qui passe en manteau gris…
C’est l’instant propice aux ivresses.

Ta joue a perdu son carmin ;
L’ennui rendrait chauve, demain,
Ton front jauni par son haleine.
Reçois nos joyeuses couleurs :
Il faut, sur un visage en pleurs,
Mettre le masque de Silène.

Pourquoi, dans tes yeux obscurcis,
De ton cœur trahir les soucis ?
Veux-tu que la pitié t’accable ?
Laisse notre doigt acéré
Sur ton masque transfiguré
Graver un rire ineffaçable.

Des traits que vous avez reçus.
Pour bien guérir, ô cœurs déçus !
Rendez des blessures pareilles.
Venez apprendre à nos leçons
Comment dans le miel des chansons
On tient prêt le dard des abeilles.


chanson du merle.

Le rossignol amoureux,
Langoureux,