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Dieu nourrit les héros durant l’éternité,
Et fait, entre eux et nous, flotter sans qu’il dévie
Un courant de vertus de l’une à l’autre vie.

Or, l’amant des hauteurs devant lui, tout le jour,
Vit ces oiseaux divins se poser tour à tour ;
Et tous, en lui parlant sous leur figure ancienne,
Échangeaient par éclairs leur âme avec la sienne.
Tous, divers autrefois et de race et de lieux,
Ne forment plus au ciel qu’un peuple merveilleux ;
Ils ont dans l’idéal leur commune patrie
Et leur même symbole où plus rien ne varie ;
Et, d’un même langage alternant les douceurs,
L’accent seul est divers entre ces âmes sœurs.

Des lyres, des parfums, une chaude lumière
Accompagnent la voix qui descend la première.
C’est l’héroïsme en fleur dans sa jeune fierté,
C’est la Grèce enseignant la force et la beauté.


LÉONIDAS.

« Je t’ai vu, tout enfant, errer aux Thermopyles,
Glanant sur ces rochers, en exemples fertiles,
Où la liberté sainte a fait tant de moissons ;
Tu croyais de mon sang la pierre encor trempée,
Et serrais dans ta main, comme on serre une épée,
Un livre où tu lisais nos sublimes leçons.

Tu voyais flamboyer l’épitaphe immortelle
Qui du fond de l’histoire à jamais étincelle,
Qui contient le secret, le prix de nos exploits ;