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Apparaissent, là-bas, au soleil endormis,
Noirs sur les plateaux verts et tels que des fourmis.
L’ardent chasseur bondit au bord des précipices ;
Un chemin sans péril est pour lui sans délices,
Il aime à respirer, sur la neige des monts,
Un air qui brillerait nos débiles poumons.
Il cherche au bout des pics affrontés avec joie
La fatigue et la lutte encor plus que la proie ;
Puis, sur la toison fauve et dans l’antre des ours,
Il dort de longues nuits, il rêve de longs jours.
Il part ; le ciel est clair ; dans sa force il s’enivre,
Il sent sur les sommets le vrai bonheur de vivre,
Et, comme l’aigle errant sans rival et sans loi,
Loin de la foule impure, il est seul, il est roi.


LE CHASSEUR DE CHAMOIS.

Le franc chasseur suit sur la neige
L’ours et l’isard ;
À chaque pas il trouve un piège,
Vit de hasard.

En déposant la carabine,
Souvent, le soir.
Il mange à son feu de résine.
Un pain tout noir.

Il n’a pas même un lit de chaume
Pour s’y coucher…
Mais les sapins forment le dôme
Sur son rocher.