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Pour respirer un air plus vif et plus puissant
Et qui soit pur, au moins, des serviles haleines.

Je cherche, au fond des bois, un autel, chaste encor,
Qui résiste à l’orgueil des pompeux sacrifices
Et, libre, en son mépris pour le marbre et pour l’or,
N’ait pas au crime heureux offert ses dieux complices.


L’ESPRIT.

Viens ! j’accueille et nourris ce fécond désespoir,
Ces haines magnanimes ;
Je hausse les cœurs fiers et d’un ferme vouloir
Au niveau de mes cimes.

Viens ! j’ouvre à tes désirs cet austère jardin ;
Mon soleil t’y convie.
Récolte avec mes fleurs, de gradin en gradin,
Les conseils de la vie.


II



Jusqu’au champ suspendu sur cet étroit rocher
Où le chamois et l’aigle osent seuls se percher
Quel sentier a conduit, dans sa longue escalade,
Depuis ce toit qui fume au pied de la cascade,
Le hardi laboureur qui fait si haut moisson ?