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I




HERMAN.

Crois-tu qu’en ces déserts, transfuge de la vie,
Je t’apporte à nourrir quelque lâche douleur ;
Que j’y vienne abriter l’égoïsme et l’envie,
Ou farder au soleil leur immonde pâleur ?

Ton flanc escaladé sent-il que je chancelle ?
Est-ce un débile enfant, par son rêve égaré,
Qui, frappant ton granit de ce bâton ferré,
En fait à chaque pas jaillir une étincelle ?


L’ESPRIT DES SOMMETS

Je sais que la mollesse et les désirs grossiers
Et les amours vulgaires,
Au seuil de mes jardins, fermés par les glaciers.
Ne se hasardent guères ;

Que l’argent de ma neige et l’or du ciel en feux
Et l’encens de mes brises
N’ont jamais soulevé, du côté des hauts lieux,
Les basses convoitises.

Les simples et les forts sont mes seuls courtisans.
Mon trône de bruyère