Elle bénira l’heure enfin venue,
Me tendra les mains et voudra partir.
Et moi, l’enlaçant avec mes longs voiles,
Lui montrant le ciel, terme des ennuis,
Je l’emporterai parmi les étoiles
Qui vous souriaient dans vos chastes nuits.
Fiers de nous aider de leurs ailes promptes,
Les blonds séraphins, soumis à ma loi,
Lui feront franchir l’azur où tu montes
Et toucher le but aussitôt que toi.
Soudain, avec un bruit d’aile qui se déploie
De zéphyr engouffré sous de longs plis de soie,
L’ardente vision part et monte dans l’air
Et, dans le sombre azur, s’éteint comme l’éclair.
Déjà, lourd des vapeurs de la nuit qui commence,
Le regard du blessé flotte en un vide immense ;
Son esprit se débat et se perd, un moment,
Dans l’ombre ainsi mêlée à l’éblouissement.
Il cherche dans le ciel, d’où tombent ces voix pures
Quelques derniers rayons de ces chastes figures ;
Il s’élance ; il voudrait suivre dans leur essor
Ces âmes qu’il entend, mais de trop loin encor.
À l’horizon, bientôt, comme un feu qui s’allume
Rouge et qui s’agrandit en sillonnant la brume
Comme si de l’éther une étoile en son vol
S’arrachait et glissait effleurant notre sol,
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