Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Symphonies, 1878.djvu/257

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Et sur ce témoin des heures
Les meilleures
Où le soleil vous a lui,
Vos larmes, qu’à cette feuille
Dieu recueille,
Tomberont, comme aujourd’hui.



LIVRE QUATRIÈME




L’exil n’interrompt pas l’hymen de deux pensées
Et les fêtes du cœur une fois commencées.
Lorsqu’un amour sans tache a fait deux âmes sœurs
Rien ne les sèvre plus de ces chastes douceurs.
Malgré les océans, les steppes, les montagnes,
Elles vont, dans la vie, ainsi que deux compagnes,
Comme aux soirs de printemps, où sous les églantiers,
Leurs bras s’entrelaçaient, dans les étroits sentiers.
Toujours dans quelque étoile, au fond des zones bleues.
Échangeant leurs regards à des miliers de lieues,
Et choisissant, tous deux, le ciel pour leur miroir,
En Dieu toujours présent ils sauront se revoir ;
Avec les mêmes mots priant aux mêmes heures,
Ils s’embrassent en lui, comme dans leurs demeures
Et vont s’y répéter, en leurs actes de foi :
« Regarde, ami, je souffre et m’embellis pour toi. »
Mais Rosa, mais Konrad ? où sont ces âmes fortes ?
De l’amoureux Éden ils ont franchi les portes :