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Jamais à panser une plaie
Je n’ai pleuré comme aujourd’hui !
Dieu veut, sans doute, que j’essaie
D’adoucir ta coupe d’ennui.

Pour que ton cœur, sans méfiance,
Cherche, au fond du vase de fiel.
Cette fleur de la patience
Qui manque à ta couronne au ciel.


KONRAD.

Parlant du ciel ainsi, tu l’habites sans doute,
Toi dont chaque regard éclaire ma prison !
La colère en mon cœur s’endort, quand je t’écoute.
J’y sens se réveiller la voix de l’oraison.

Ta sereine beauté, chassant l’ombre et la crainte,
Luit en des traits si purs qu’ils n’ont rien de mortel ;
Sous ses longs cheveux noirs, ton front est d’une sainte.
Dis s’il faut qu’on t’adore, et monte sur l’autel !


ROSA.

L’humble culte qu’il faut me rendre,
C’est un peu de douce pitié.
Offre à Dieu ta ferveur si tendre ;
Garde pour moi ton amitié.

Mes jours, comme tes jours sans trêve,
Sont pleins d’ennemis dangereux.