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Une âme y vient de naître, une vierge innocente,
Gardant du sein de Dieu l’empreinte éblouissante,
Rayonnante à la fois de force et de douceur,
Pareille à Béatrix comme une jeune sœur.
Un rosier sans épine est son lit ; deux beaux anges
De leurs robes d’azur ont fait ses premiers langes.
Le chant des séraphins, mélodieux ruisseau,
Coule comme un lait pur autour de son berceau.
Quatre saintes, debout, marraines et patronnes,
Filant l’or de ses jours en tressent des couronnes,
Et, lui versant les flots dont on baptise aux cieux,
Répandent leurs vertus sur ce front gracieux.


SAINTE MARIE.

Reçois mon nom, mon nom sans tache.
Tu me le rendras aussi pur,
Sans qu’une ombre en ta vie attache
Un seul nuage à cet azur.

Je te prends, rose de mystère,
Pour t’abriter de ma pudeur ;
Dieu seul, sous ton feuillage austère.
Saura quelle est ta douce odeur.

Sous d’autres feux que ceux de l’âme
Jamais tu ne voudras fleurir ;
Mais tu connaîtras, pauvre femme,
Tous les amours qui font souffrir.

Tu boiras à l’éponge amère
Qui m’abreuve au pied de la croix ;