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Par eux ont survécu ces chênes dont l’ombrage
Orne encor ce beau lieu ;
Par eux l’antique foi, pour suprême héritage,
Vous transmit le vrai Dieu.
Demandons nos vertus au tombeau de l’ancêtre !
Offrons-lui nos remords !
Dieu sème au fond des cœurs le bien qui doit y naître,
Dans la saison des morts.


LE SEMEUR.

La terre est assez labourée,
Des entrailles du champ ôtez le soc d’airain.
Notre âme est assez déchirée,
Des cœurs qu’il brise encore ôtez le noir chagrin.
Et vous, divin semeur, parcourez la contrée ;
La terre est assez labourée ;
Versez, versez à flots les germes du bon grain.

Prêtez au sillon la semence,
Donnez aux morts chéris leur gîte hospitalier.
La vie est là qui recommence ;
Ce champ pour une graine en rapporte un millier.
L’hiver, tout va dormir sous un linceul immense ;
Prêtez au sillon la semence,
Le printemps du Seigneur viendra tout réveiller.