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C’est l’erreur de ce siècle ; elle est déjà punie :
Je n’ai vu de progrès que dans l’ignominie,
Et n’attends rien, pour fruit des âges qui naîtront,
Que des hontes de plus à porter sur le front.





III


Quel homme de nos jours, hésitant sur sa route.
S’il évita l’erreur n’a pas connu le doute ?
Or, il est dans ce doute un parti toujours sûr,
Aussi doux que facile à qui porte un nom pur :
C’est d’être en tous les temps, malheureux ou prospère,
Le fidèle soldat du drapeau de son père,
Et d’apprendre de lui, pour suprême leçon,
À porter noblement son modeste écusson.

C’est par là que je veux, dans une foi solide.
Vous marquer ma tendresse, ô mon père, ô mon guide !
Et vous rendre mon culte ainsi qu’il vous est dû,
Et tel qu’à mon aïeul votre cœur l’a rendu.
Je veux, dès que mes fils nous pourront bien connaître,
Qu’ils sachent vous choisir pour modèle et pour maître,
Qu’ils portent dans le cœur, pour souverain trésor,
Leurs souvenirs de vous écrits en lettres d’or.

Ils apprendront de moi votre jeunesse austère,
Ardente à conquérir un savant ministère,
Tout entière au travail, au dévoûment obscur,
Offrant dès le matin les fruits de l’âge mur.