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Posons l’or des jeunes moissons
Sur ton front d’épouse et de mère.

Mêlez des branches de rosier
Au flexible sarment des treilles ;
Taillez dans le saule et l’osier ;
Il faut à nos fruits des corbeilles.
Courbez les branches en cerceau,
Il faut à l’enfant un berceau
Et des paniers à la vendange ;
Courbez les branches en cerceau,
Faites sa couche au petit ange.

Sur les chars empourprés des derniers feux du jour,
Gerbes et moissonneurs sont rentrés dans la cour.
Déjà dans l’avenue, en face de la grange,
Sonne la cornemuse, et la troupe s’y range.

Le plus vieux, qui maintient le rite coutumier,
A réglé le cortège et marche le premier.
Il porte, heureux trésor acquis par tant de peine,
La couronne d’épis sur une croix de chêne.
Un ruban d’écarlate enroule au bois grossier
Les fleurs que l’été mêle au froment nourricier ;
Et l’emblème sacré de joie et d’abondance
Du travail et de Dieu parle avec évidence.

On part ; la voix éclate, et les vieilles chansons
Escortent noblement le bouquet des moissons.
Le soir dore les murs de la ferme qui brille.
Là, debout sur le seuil, le père de famille