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Au grand air s’est empourpré ;

Qu’il est heureux sans mélange,
Le bel ange,

Quand on fauche dans le pré !



BERTHE.

Pourquoi t’enfuir, à perdre haleine.

Vers ces sommets, à l’horizon,
Quand on est si gai dans la plaine,
Quand le feu flambe à la maison !

Voici la nuit, le ciel se couvre,
Le dernier char vient de partir ;
Vois, là-bas, la grange qui s’ouvre
L’éclair brille pour t’avertir.

Viens donc, un râteau sur l’épaule,
Comme nous, joyeux et chantant,
Respirer, sous l’ombre du saule,

L’odeur des foins que j’aime tant.


Les chars et les faucheurs sont rentrés à la ferme :
Sur le pré ras tondu le buisson se referme ;
Mais du gazon plus vert renaît le bouton d’or,
Et l’immense bercail va se peupler encor.

Les vaches, les taureaux, détachés de la crèche,
Las de l’obscure étable et de la paille sèche,
Mugissent de plaisir, et, pressant leurs pas lourds,
Frottent leurs bruns naseaux sur le sol de velours.
Sautant de leur cavale à l’inculte crinière