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Ferme, en chassant ton rêve sombre,
Ce livre jaune où tu t’endors ;
Fuis gaîment la ville et son ombre
Pour me suivre aux prés, d’où je sors.

Je suis le printemps ! Dieu m’envoie,
Plein de musique et de couleurs,
Pour semer la vie et la joie
Dans les âmes et dans les fleurs.


frantz.

Je fuirai sans regrets ce toit sombre et mon livre,
Ô printemps ! mais je veux du moins,
Sous ton jeune soleil qui m’invite à le suivre,
Marcher sans guide et sans témoins.

Je hais tous les sentiers que le passant me nomme,
Tout lieu d’où je suis revenu ;
Je veux, dans le désert, loin des traces de l’homme,
Je veux voir de près l’inconnu.


le bâton de l’aïeul.

Toi qui cherches ton passage,
Fier de le trouver tout seul,
Si ton cœur est resté sage,
Prends le bâton de l’aïeul.

Quelque jour, entre deux routes,
Hésitant, chargé d’ennui,
Si tu t’assieds, si tu doutes…,
Laisse-toi guider par lui.