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Ah ! que n’ai-je un instant les ailes des colombes
Qui volent sur nos toits en chantant leurs amours !




II

LES AIGLES.




Nous montons si haut dans l’espace,

Nous planons dans un ciel si pur,
Que la terre à nos pieds s’efface
Comme un rocher noir dans l’azur.
Dans la sphère où le jour s’allume,
Nous allons baigner notre plume ;
La lumière est notre élément ;
En vain l’aurore en feu ruisselle,
Nous n’avons jamais devant elle
Baissé nos yeux de diamant.

Eh bien, nous te cédons l’empire !
Nous n’avons pu suivre ton cœur,
Ni respirer l’air qu’il respire
Dans son vol sublime et vainqueur.
Hier, nous, les porteurs de la foudre,
T’avons vu là-bas dans la poudre,
Sous les barreaux d’une prison,
Homme ! Et voilà que ta pensée,
Malgré les fers s’est élancée
Et nous dépasse à l’horizon.

Va donc, plus libre et plus rapide

Que l’oiseau roi sur les sommets,