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C’est un monde profond autant qu’il est secret,
Que ce murmure exprime.

Mais pour l’entendre, il faut, vers l’humble voix penché,
Dans un lieu solitaire,
Comme vers le ruisseau sous ces gazons caché,
S’arrêter et se taire.

Or, le sage écoutant, loin du monde moqueur,
Dieu dans la moindre brise,
Saisit pour son clavier et garde dans son cœur
Tous ces bruits qu’on méprise ;

Car tous, là-haut, soupirs exhalés, sans témoin,
Du brin d’herbe ou du hêtre,
Pour l’éternel concert, avec le même soin,
Sont notés par le maître !




VIII

L’IDÉAL


à mon ami louis janmot


I


Sur les quais populeux je suis seul, et j’y foule
L’affreux limon qui naît sous les pas de la foule ;
Cherchant un peu de jour dans ce ciel infecté
Par les jaunes vapeurs que vomit la cité,