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Là, docile aux accords par les bois enseignés,
Je veux goûter aussi la sagesse des pâtres.

Là, d’un siècle énervé, je ressens moins le mal,
Je me crois un moment affranchi de ses chaînes.
Quand j’écoute, en mon rêve enivré d’idéal,
Mugir les grands taureaux à l’ombre des grands chênes.




VII

UNE VOIX DANS L’HERBE


Voix des torrents, des mers, dominant toute voix,
Pins au large murmure.
Vous ne dites pas tout, grandes eaux et grands bois,
Ce que sent la nature.

Vous n’exhalez pas seuls, ô vastes instruments,
Ses accords gais ou mornes,
Vous ne faites pas seuls, en vos gémissements,
Parler l’être sans bornes.

Vous ne dites pas seuls les mots révélateurs
D’un invisible monde ;
L’âme éclate à travers de plus humbles chanteurs,
Une âme aussi profonde !