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Partout la nature sereine
Offre l’aide avec le conseil :
Semez enfant, la bonne graine,
Dieu vous donnera le soleil.




VI

LES TAUREAUX


à mon ami casimir fournier


Sur les âpres sentiers du coteau basaltique,
J’entends crier le char de la Cérès antique.
Les blés étant semés, avant la fin du jour
Il ramène au hameau les outils du labour.

Sur le timon de frêne, un jeune bouvier celte.
L’aiguillon à la main, se dresse fier et svelte,
Dirigeant de sa voix, qu’il adoucit encor,
Ses taureaux accouplés comme au temps de Nestor.

Dans les plis de leur cou le poil frémit et fume ;
Les voilà dans la cour, le poitrail blanc d’écume.
Le maître, alors, paraît lui-même, et de sa main
Leur enlève le joug qu’ils reprendront demain ;

Et sur leurs fronts touffus pour effacer l’empreinte,
Un enfant les caresse et les frappe sans crainte.
Sous sa verge d’osier je me plais à les voir,
Dociles et joyeux, marcher vers l’abreuvoir,