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Mais c’est alors aussi qu’à travers ses blessures,
La fleur exhale au loin ses senteurs les plus pures ;
Alors, mon Dieu, le cœur brisé par le chagrin
Vous livre ses vertus comme l’épi son grain,
Et mille odeurs ont fui de ses veines subtiles,
Qui dormaient jusque-là dans la plante inutile.
Alors, enfin, versant de l’argile ou de l’or
Le flot immaculé qui s’y gardait encor,
L’homme à vos pieds répand, comme fit Madeleine,
Les plus divins parfums dont son âme était pleine.



III

LE RENOUVEAU



Avril en fleur nous invite à l’espoir ;
Sur nos pommiers l’oiseau s’est fait entendre ;
C’est le printemps !… J’ai cru ne pas le voir…
À son appel mon cœur se laisse prendre.

Je vais aux champs : le soleil est si beau,
Tout est si vert et si gonflé de sève !
Je me sens vivre à la fin d’un long rêve ;
Peut-être aussi j’aurai mon renouveau.

Autour de moi la nature est à l’œuvre :
Toute eau jaillit, toute aile a pris son vol ;