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Quand la douleur m’étreint de sa main meurtrière
C’est votre nom, toujours, qui me sert de prière ;
Par lui seul je combats le doute frémissant ;
J’ai retrouvé l’espoir, rien qu’en le prononçant.


HYMNE DE LA MORT

Pourquoi, vous qui rêvez d’unions éternelles,
Maudissez-vous la mort ?
Est-ce bien moi qui romps des âmes fraternelles
L’indissoluble accord ?

N’est-ce donc pas la vie aux querelles jalouses,
Aux caprices moqueurs,
Qui vient, comme la feuille à travers ces pelouses,
Éparpiller vos cœurs ?

C’est sa main qui disjoint vos plus chères entrailles,
Vos âmes en lambeaux,
Et qui dresse entre vous d’aussi froides murailles
Que celles des tombeaux.

Moi, je vous réunis ; je vais, liant ma gerbe,
Aux champs les plus lointains ;
Et des cœurs divisés, de l’humble et du superbe,
Je confonds les destins.

C’est moi qui fais tomber les plus fortes barrières,
Qui brise tous les fers ;
J’ouvre un monde plus vaste aux vertus prisonnières
Dans l’étroit univers.