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Sur ma tombe que l’herbe cache,

Qui t’empêche encor de venir ;
N’y pourrais-tu, sans qu’on le sache,
Porter dans l’ombre un souvenir ?

Je le vois, ta terreur est grande
Lorsque mon nom t’est prononcé ;
Il fallait donc par quelque offrande
Satisfaire au ciel offensé.

De ton crime et de ma faiblesse
As-tu, dans quelques saints combats,
Bénissant le Dieu qui te blesse,
Accepté la peine ici-bas ?

Non !… près de mon humble croix noire
Tu n’osas pas venir pleurer
Une fois seule, et murmurer

Quelque parole expiatoire !


VOIX DES TOMBES.

Tu cherches vainement, dans ces funèbres nuits,
Ceux qui se partageaient le poids de tes ennuis
Et qui te donnaient leur courage.
Ô sont-ils ces grands cœurs, pour t’ouvrir leur trésor ?
Où sont-ils, pour sourire et pour pleurer encor
Tous ces amis du premier âge ?

Ceux à qui tout penser peut se montrer à nu,
À qui chaque recoin de notre âme est connu
Comme un logis l’est à ses hôtes,