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Et, pour garder une âme à cette chair humaine,
Emporte ton Dieu dans ton cœur !


LA VIGNE ET LE FIGUIER.

Il te restait, sous le chaume,

Un royaume
Peuplé par le souvenir,
Sous le figuier de ta vigne
Qui s’indigne
De ne plus t’appartenir.

Pour cacher, âme offensée,
Ta pensée,
L’enclos de ronce et d’ajonc
Forme une verte ceinture,
Aussi sûre
Que les créneaux du donjon.

Ce débris des champs prospères
De tes pères
T’aimait d’amour éperdu ;
Il portait, à pleines sèves,
Fruits et rêves…
Et c’est toi qui l’as vendu !

Tu pouvais, sous ce treillage,
Vivre en sage,
Fière ainsi qu’en ton manoir :
A la liberté fidèle.
Tenant d’elle

Ta noblesse et ton pain noir.