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La feuille tombe, et, sillonnant la voûte,
Un jour plus pur descend pour t’éclairer.

Oui ! si les bois, l’ombrage aimé du chêne,
Ont trop caché la lumière à mes yeux,
Soufflez, ô vents ! que Dieu si tôt déchaîne,
Feuilles, tombez, laissez-moi voir les cieux !






IX

L’HIVER





Vers la forêt, là-bas, à mi-coteau,
Quand le brouillard s’entr’ouvre et s’illumine,
Je vois plié dans son neigeux manteau,
Un lent vieillard qui vers nous s’achemine.

Les noirs rameaux que brise un vent du nord
Autour de lui pleuvent comme des flèches ;
D’un pied pesant foulant les feuilles sèches,
Il vient, courbé sous son faix de bois mort.

Chênes si verts, aubépine si blanche,
Si pleins de fleurs et d’oiseaux familiers !…
Par la forêt, le verger, les halliers,
Il a glané son fagot branche à branche.