soldats, ce ne sera point ma faute, ce sera celle des amateurs qui ne veulent admettre à tout prix dans leurs collections que certains généraux et quelques excentriques de cette école si contestée et si combattue et pourtant si bien en place aujourd’hui. Combien Urb. Canel, Gosselin, Ladvocat, Renduel, Souverain, Poulet-Malassis qui, si souvent, ne pouvant vendre une première édition de Th. Gautier, V. Hugo, Lamartine, J. Janin, etc., amorcèrent l’acheteur rebelle, en mettant sous ses yeux la même édition, avec un nouveau titre de deuxième, troisième et même cinquième édition, seraient étonnés en les voyant lutter de prix avec Boileau, Pascal, Molière, Corneille ! Une première édition de V. Hugo, dépasse une édition originale de Corneille, lutte avec Racine et atteint presque Molière. Une Marion Delorme, le Roi s’amuse, les Feuilles d’Automne, un Spectacle dans un fauteuil, la Confession d’un enfant du siècle, la Jeune France, les Contes bruns, Champavert luttant de prix avec Athalie, le Cid, le Médecin malgré lui, le Diable boîteux, Télémaque, Manon Lescaut, est-ce un caprice de bibliophile ou une folie de bibliomane ? Je n’en sais rien et je le sais encore moins quand l’édition originale de Paul et Virginie se paie 10 à 15 francs, et que Debureau, l’Histoire du théâtre à quatre sous de J. Janin, 1832 in-8, se vend 99 francs. Au reste, si j’étais surpris, Mlle Maupin triomphant de Bossuet et Mme Putiphar dédaignant même un coin de son manteau à Fénélon me ménageraient bien d’autres surprises. Ces quelques lignes doivent suffire pour prouver l’intérêt que les amateurs réservent aux éditions romantiques et pour justifier la place importante qu’elles occupent dans cette Bibliographie. Baudelaire, Champfleury, de Goncourt frères, Monselet servent de transition entre Alf. de Musset, l’écrivain admirable de 1843 et Th. de Banville, Fr. Coppée et autres parnassiens. Si le critique dans cette dernière période ne trouve sous sa plume que des talents secondaires très contestés, le bibliographe au contraire récolte une surabondante moisson d’éditions de luxe admirablement rehaussées par les eaux-fortes de Flameng, de Lalanne, Bracquemond, Lalauze, etc. C’est le temps des riches habits, des vêtements typographiques splendides : beaucoup d’étoffes sur un mannequin.
Les renseignements les plus complets sur les merveilleuses réimpressions des écrivains du quinzième au dix-huitième siècle,