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rend un coin de la nature, vu à travers un tempérament, c’est-à-dire, vu, étudié et rendu par une individualité indépendante. Il y a plus de différence apparente dans les mots que dans la chose ; c’est, en somme, la même marchandise, un peu remaniée, avec une étiquette nouvelle. Si, dans le naturalisme, on ne parle pas de réalisme, n’en cherchez pas d’autre raison que celle-ci : dans la maison d’un pendu on ne parle jamais de corde. Il a manqué à Champfleury, pour être Zola, d’être venu avant lui, d’avoir eu peur de la loi, de n’avoir pas osé enrichir sa formule naïve de termes scientifiques, et surtout de n’avoir pas su l’épicer de tous les piments érotiques les plus violents. Zola est par-dessus tout un descripteur et un pimenteur ; ôtez les légumes et les épices, que restera-t-il dans le plat ?

Émile Zola ayant élevé ses prétentions naturalistes jusqu’à vouloir inventer un naturalisme philosophique, scientifique et moral, il est indispensable de l’étudier sous ces trois aspects, qu’on ne s’attendait guère à rencontrer dans le roman dit expérimental.



Le naturalisme philosophique

Étant donné Zola et des sujets réalistes, Zola ne pouvait produire une œuvre autre que la sienne ; il devait être matérialiste ; il