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en donnera, dans un volume qui doit paraître prochainement, des preuves intéressantes et indiscutables. Arétin, dans Raggionamenti della Nana et dans ses pièces de théâtre, a pratiqué le naturalisme littéraire, ou la théorie de l’obscénité satyrique et pamphlétaire ; de Sade, le naturalisme sanguinaire ou la théorie de la jouissance dans les tortures ; Zola professe le naturalisme bestial, ou l’excitation au plaisir des sens par la peinture pimentée des vices orduriers. Lequel des trois est le pis, ou le moins mauvais ? La réponse, il me semble, doit être la résultante du plus grand mal produit par leurs œuvres ; en ce cas, Zola l’emporte sur ses émules en obscénité. Comme le bien, tout mal a son sommet ; Zola aspirait à un sommet, il a le sien ; il tient le sommet du mal, en littérature : il y a droit, de par la quantité et la qualité de son produit naturaliste. Dans le roman, c’est le plus débraillé qui a le succès. Le public actuel n’aime ni le vrai ni le simple ; il aime le faisandé et le charlatan pailleté d’or et d’argent ; il lui faut la surexcitation de tous les bas appétits et l’amorce de toutes les blagues. Le genre obscène avait épuisé son bric-à-brac d’adultères égrillards, d’anecdotes religieuses poivrées et de pamphlets effrontés et impudiques ; on en avait assez des gaillardises gauloises et des polissonneries Louis XV ; les galanteries épicées de