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passer et même rechercher, tous les goûts sont dans le naturalisme ; il fallait trouver une étiquette imposante qui fit hésiter les foudres de la loi et une formule savoureuse qui amorçât les appétits blasés de nombreux lecteurs. Ce qu’il allait servir dans son œuvre n’était pas nouveau ; ça remontait bien plus haut que Balzac, que Stendhal qui, eux, seraient bien surpris d’être dénoncés comme les pères de ce bâtard, ça remontait du grammatical Gamiani à l’Âne d’Apulée, cet âne égrillard et paillard qu’on trouve et retrouve dans toutes les insanités érotiques ; mais il fallait, par un tour de plume, persuader que non seulement c’était nouveau, mais encore scientifique. L’érotisme, c’est-à-dire le virus immoral, le prurit littéraire, présenté sous le titre de naturalisme comme une science d’expérimentation morale, d’évolution civilisatrice, de perfectionnement social, de progrès humain, est-ce une sottise ou une ironie ?

Une page prise dans le Journal des Goncourt, tome V, p. 314, répondra peut-être à cette question : Flaubert attaquant les préfaces, les doctrines, les professions de foi naturalistes de Zola, celui-ci répond à peu près ceci : « Vous, vous avez une petite fortune qui vous a permis de vous affranchir de beaucoup de choses… ; moi, ma vie, j’ai été obligé de la gagner absolument avec ma plume ; moi, j’ai été obligé de passer par