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une autre trilogie qui devait, sous le titre de la Genèse, comprendre trois poèmes scientifiques et philosophiques : la Naissance du monde, l’Humanité, l’Homme de l’avenir, l’Homme devenant Dieu.

Le plan était audacieux ; il dépassait tous les épiques… en sublimité ; la matière était immense, il se mit ardemment à cette œuvre titanesque et fit… huit vers, un vers de plus que la création n’avait exigé de jours, les voici :

Toi qui vis, ignorant la naissance et la mort,
Principe créateur, seule Force première,
Qui d’un souille vivant souleva la matière,
Du prophète inspiré donne-moi l’aile d’or.
Je chanterai ton œuvre et, sur elle tracée,
Dans l’espace et les temps je lirai ta pensée.
Je monterai vers toi, par ton souffle emporté,
T’offrir ce chant mortel de l’immortalité.

Dieu l’emporta si peu haut, ou le laissa tomber si bas dans le… naturalisme de l’animalité humaine, qu’au lieu d’être l’oiseau à aile d’or du prophète, il n’en est que la mouche à… ; mais n’anticipons pas : nous sommes aux vers de Zola, tenons-nous-en à ce mets littéraire, il est moins trivial, sinon meilleur que l’autre.