Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/50

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aux couacs honteux d’une clarinette tapageuse. En résumé, il a autant et même plus fréquenté, aspirant poète, les buissons des environs d’Aix que le collège et a plus utilement taquiné la muse que le latin et que le grec.

La grand’mère, ce bon gros terre-neuve, la superbe dévouée, mourut ; ce fut une misère de plus, ou plutôt toute la misère, dans cette maison, déjà si pauvre ; une dernière joie partait avec un dernier courage. La vieille était la force, dans le ménage de deux femmes et de deux enfants : le petit-fils et le grand-père ; elle était plus qu’une femme, elle était l’homme de cet intérieur besogneux, par le travail, la gaîté, le dévouement et l’affection. Madame Zola, écrasée sous toutes les charges du malheur, partit pour Paris et appela aussitôt près d’elle son père, mort en 1862, et son fils Émile. On laissait derrière soi à Aix, deux tombes aimées et on allait ensevelir, dans ce Paris qui dévore tout, joies et douleurs, richesse et pauvreté, ses dernières espérances et ses continuelles privations. Après bien des démarches inutiles et des déceptions sans cesse renaissantes, M. Labot, avocat au Conseil d’État, ami du père, fit admettre, par l’intermédiaire de Désiré Nisard, directeur de l’École normale, l’élève de seconde d’Aix, au lycée Saint-Louis. Il y entra, en 1858, en rhétorique, à la section des sciences ; il brûla sa philoso-