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romancier ne saurait tout voir et qu’un aspect d’un être ou d’une chose doit lui suffire pour deviner le reste.

Il y a en lui un certain flair, comme chez le policier, et ce « flair » est le dieu. Mais cet instinct a besoin de contrôle.

Autrement dit, l’hypothèse faite, il devient urgent de vérifier immédiatement si l’on ne veut chevaucher dans l’absolu. Vérification délicate, je l’avoue, dans une étude sociale, mais non impossible, tant s’en faut.

La presse nous renseigne sur tout.

Les tribunaux livrent aux romanciers des documents précieux. Comme l’écrit M. Zola : Un procès est un roman expérimental qui se déroule devant le public.

Supposons d’abord qu’on choisira et qu’on ne s’adressera pas aux cas pathologiques exceptionnels. Prenons, non des faits isolés et monstrueux, mais des cas fréquents. Qu’y a-t-il de plus commun que les procès en séparation ? Ils jettent une vive lumière sur la question des rapports de l’homme et de la femme, dans nos sociétés avancées. Examinez les unes après les autres ces affaires où l’être est livré dans sa nudité, où toutes sortes de choses intimes sont dévoilées, et vous rencontrerez, au milieu de quelques dissemblances de détail, des analogies nombreuses d’où vous pourrez tirer une règle générale. Une jeune fille élevée de telle façon et mariée dans de telles conditions ne peut