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cède du moment et du milieu où il paraît, et par conséquent ne lui constitue qu’une impression de modernité : celle-ci dépend du public, l’autre de l’auteur. La tendance inconsciente qui fait son succès, tendance qui est à la fois celle de l’individualité particulière de l’écrivain et celle plus anonyme du public qui l’entoure, sera, ou un succès éphémère, s’il est le résultat absolu des passions de l’actualité, ou un succès durable, ratifié plus tard par la postérité, si l’écrivain arrive à cette valeur absolue qui sacre son livre une œuvre d’art. La littérature contemporaine, domestiquée par les engouements et les idées du jour, s’est mise si platement au service d’une certaine école et d’une certaine science, qu’on se demande, en la voyant presque tourner en ridicule le beau qui est la substance de l’art et inonder de ses admirations le laid naturaliste qui en est la négation, si elle ne mérite pas mieux le titre de souteneuse de nouveautés littéraires, étranges et dangereuses, que celui de protectrice impartiale et éclairée des lettres.



L’art dans le roman

L’art, dans son acception la plus vaste, se définit la sensation et la réalisation du vrai et du beau dans la nature. — « Le plus grand